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A quelques semaines de son 30e anniversaire, le quotidien francophone Liberté va définitivement cesser de paraître, suite à une décision de son propriétaire. Une perte incommensurable pour le paysage médiatique algérien, et pour la presse libre dans notre pays. 

Le collectif des travailleurs de ce journal a affirmé que cette décision injuste n’est aucunement liée à une quelconque crise financière puisque la trésorerie de la SAEC-Liberté (société éditrice du quotidien) se porte bien, et ce, malgré sa privation de publicité institutionnelle par l’ANEP. 

Il s’agirait d’une décision éminemment politique prise par l’actionnaire principal, Issad Rebrab. Ce dernier subirait la pression du pouvoir, lequel serait dérangé par les écrits, les analyses, les éditos et les contributions de Liberté, l’un des rares médias algériens qui donne la parole à tous les acteurs de la société, tout en refusant de suivre la ligne éditoriale que veut imposer le pouvoir à l’ensemble de la presse algérienne et par extension à tous les Algériens. 

Le combat de Liberté pour la liberté de la presse et plus généralement les libertés individuelles et collectives en a fait une cible privilégiée du système algérien, qui à travers des pressions économiques sur le propriétaire du média, approche finalement de son but. 

C’est à l’issue d’une assemblée générale du conseil d’administration de SAEC-Liberté prévue ce mercredi 6 avril 2022 que le verdict de la mise à mort de l’un des médias qui a tant donné à l’Algérie devrait être prononcé. Pour ceux qui l’ignorent ou qui font semblant de d’oublier, les journalistes de Liberté ont été à l’avant-garde du combat pour les libertés et contre l’obscurantisme ; durant la décennie noire, ils ont payé un lourd tribut pour que « la République reste debout ». Dans ses rangs ne figurent pas moins de quatre « martyrs de la liberté et de la démocratie ». 

Cette mise à mort programmée, ne concerne pas uniquement les actionnaires et les employés de Liberté. Les lectrices, lecteurs ainsi que tous les Algériens sont concernés par cette décision, qui est un précédent grave dans l’histoire moderne de l’Algérie, où un média est fermé pour des raisons politiques. La situation est grave puisque nous assistons, avec la fin de l’aventure Liberté, qui est aujourd’hui l’un des très rares espaces de liberté en Algérie, à la disparition progressive des acquis d’octobre 1988. Le pluralisme médiatique est, aujourd’hui, tout comme le pluralisme politique, en danger. Le pouvoir politique en place, use de tous les moyens et procédés pour rayer du paysage les partis, médias et associations qui s’oppose à sa stratégie de retour à la « pensée unique ». 

L’UCP interpelle l’ensemble des Algériennes et Algériens soucieux de l’avenir de l’Algérie et des intérêts suprême de la nation à faire front commun pour que vive Liberté. Le parti en appelle au premier responsable de la société éditrice du quotidien et l’exhorte à ne pas céder aux pressions du même système politique qui l’avait, quelques mois auparavant, emprisonné. La survie de Liberté est de la responsabilité de tous. 

Alger, le 04/04/2022 

Zoubida Assoul 

Présidente de l’UCP